Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

poésie lubrifiante - Page 4

  • fauve passion

    Elle s'était promis de monter au moulin
    partie pour la fraîcheur, partie pour la balade
    et m'avait proposé de lui tenir la main
    orchestrant à dessein notre parade

    Sous l'orage incertain, probablement complice
    un Couchant miroitait quelques plis de Postale
    méditerranéen à la surface lisse
    irisant des Pyrénées Orientales

    Le couvert d'oliviers gradués en terrasses
    plongeait ses bras noueux dans le sol rude et fier
    une ombre bientôt bleue investissait la place
    et s'accuserait le blanc sur la chair

    Le rappel au foyer des promeneurs épars
    fumait depuis le bourg la viande ou la sardine
    ça claquait des talons, rassemblait les moutards
    désertant les chemins sur la colline

    Bientôt seuls à jeter de notre promenade
    adossés au moulin nos regards assortis
    dans l'arche de la baie à l'antique mémoire
    où s'embrassent des fauves assouplis

    Son ventre dans mon dos dans ses jambes croisées
    le mien qui s'apaisait à nos respirations
    souriant à la lune au croissant prisonnier
    des pales ajourées, nous paressions

    Le soir épaississait la vague sous la digue
    sur la colline au sud moutonnant ses rondeurs
    Un murmure se fit venu de la garrigue
    suggérant de nous empoigner le cœur

    Ce que nous fîmes là, dans un pli du chemin
    à peine protégés des pierres, des chardons
    à broyer nos suées comme olive au moulin
    à nous tirer le jus dans un buisson

    Simplement revêtus des parfums, des odeurs
    qu'un lent souffle terrien emportait vers la mer
    nous nous sommes hâtés d'accéder au bonheur
    confiant notre plaisir à l'atmosphère

    poésie,poésie lubrifiante,collioure,colline,estivaleLa nuit accompagna le retour au village
    de nos carnes repues encore ivres d'amour
    Le moulin garderait secret ce badinage
    pour ajouter au charme de Collioure

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

  • intérieur, noces

    poésie lubrifiante,danse,millésime,intérieur,ville,dormir à deux

    La maison parle mieux depuis que tout se tait
    Dehors la ville avance
    travaille au lendemain avec un souffle au cœur
    Il est temps d'abreuver nos songes sans odeur
    en se fermant les yeux l'un l'autre d'un soupir
    Nous resterons à quai
    nos jambes amarrées au calme après la danse

    Buvons le millésime au calice opulent
    tacite et surhumain
    d'où coule, vaporeux, le lait d'anciennes odes
    Le météore y va son fatidique exode
    livrer à ses dépens sa semence apatride
    Faisons-nous le présent
    nocturne et savoureux d'un lumineux festin

    Je te sais à l'entour où peut être un regard
    Une présence amie ?
    Une attente fébrile au délai délectable !
    Tu m'y fais le séjour d'un rêve inénarrable
    à la foi centrifuge au milieu de ta cible
    Le reste est quelque épars
    quelque présupposé fragmentaire et sans vie

    Voici que nous résume à notre résultat
    Le signe de  la paix
    trace égale à la craie dessinant nos contours
    Y logeons pour la soif notre chiffre à ce jour
    sous l'arête du toit qui peut nous contenir
    à l'abri de ses bras
    quand la maison déjà murmure au bout du quai

    D'où nous sommes perdus nous ne pouvons l'entendre
    Elle dit notre histoire
    la raconte en passant seule si près du bord
    lentement parallèle aux rives sang et or
    qu'agite la marée de l'oubli à son heure
    à qui souhaite prétendre
    avec la même ardeur au même défouloir

    « Entrez... le voulez-vous ? Ils sont à l'intérieur
      Regardez-les dormir
      Chacun dans son paquet, leur sommeil est tranquille
      est céleste, est commun ; cependant sur la ville
      un orage incertain (que les ombres simulent)
      et sa mine à fair' peur !
      égaille les vaillants sortis tout envahir

      Ils sont à l'intérieur - pour vous dire, fort loin
      d'envisager leur fait...
      Sans l'ombre d'un orage et aucune conscience
      qu'il en soit autrement qu'un songe après la danse
      ni qu'à son évidence une ville progresse
      de l'un à l'autre point
      du jour, malgré eux, ils y sont embarqués. »

    Dehors, par tous ses bruits la ville recommence
    Notre maison s'est tue
    Nous reprenons le cours de nos particuliers
    De nouveau, la parole acte son familier
    l'œil cherche à reconnaître et l'oreille à saisir
    la chanson et le sens
    qui raniment la danse où nous tomberont nus.

    poésie lubrifiante,danse,millésime,intérieur,ville,dormir à deux

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration d'en-tête : Magritte, La Maison d'écoute. 

  • carnage ménager

    primaires !

    Chers carnages, si volubiles
    si prompts à frotter nos fictions
    d’humaines tergiversations
    en circonférences fébriles

    À congratuler nos soudaines
    dispositions aventureuses
    pour les postures audacieuses
    - elle est pas finie, la semaine !

    Dès que le vif instant s’écarte
    de nos rouleaux de pâte-à-tarte,
    c’est fou comme on est élogieux,
    fantasque, brutal, amoureux…

    Je te dis comme tu m’es femme
    Tu flattes mes mâles élans
    Sauvage aimant, totale flamme
    ton ongle, ma pomme d’Adam

    Je n’ai pas demandé ton nom
    (craignant trop que ce ne fût Eve)
    et je décroche le pompon
    à économiser ma sève

    Jusqu’au final
    (où planera peut-être un flou sentimental)

    Ah, mais je ne t’ai pas tout dit :
    je suis aussi un peu artiste
    Quoi, déjà tu quittes la piste !
    Quoi, déjà tu quittes ma vie ?

    C’est pas tant pour la boulangère
    dont j’esquive bien la question
    mais c’est à propos de fiction
    qu’il me reste ce goût amer…

    « Quoique l’on fût loin de Cythère »
    Je boirais bien une Elephant
    mais serai-je assez bon enfant
    passées les trois pintes de bière ?

    Ah, bon ami, tu m’as trouvé !
    (moi qui t’ai laissé sans un mot)
    Je ne suis pas abandonné
    Je peux finir mon numéro

    Dès que le vif instant s’étiole
    et s’épanche dans la rigole,
    c’est fou comme nous prend la hâte
    de rentrer dans l’Ordre Spartiate

    De nos ménages
    (jusqu’au prochain besoin de céder aux carnages)

    tiniak - carnÂges © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • fraise épure

    EYE_F.JPG

    Lisse rivière de sang, fraise épure
    charnel ruban à l'autre chevelure
    que finement dénouent les doigts habiles
    à y provoquer des élans fébriles
    l'ample vertige
    ravivant des passions tous les vestiges

    Le feu y est comme l'hôte de marque

    reçu tel que jamais aucun monarque
    eût espéré savourer tant d'hommages
    aux temps prestigieux de son plus bel âge
    quand son empire
    rayonnait plus loin que lune peut luire

    FS.JPG
    Plantureux sillon de terre prodigue
    riche d'alluvions que douceur endigue
    une rythmique cyclique et lunaire
    assujettit le monde et l'atmosphère
    à ta nature
    lisse rivière de sang, fraise épure

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • sans l'oreillette

    oreille.jpgJ'ai tant faim, mon Oreille
    le soir n'est pas venu
    me porter sa corbeille
    d'agapes attendues
    et je ronge ma veille au bougeoir éploré
    que de cireuses treilles
    achèvent d'étouffer
    Peste soit des sommeils qui tardent à venir !
    J'aime autant, mon Oreille
    te dire :

    allons nos promenades
    au long des champs d'oubli
    bravades
    nos rires sous le plomb
    nos chants au feu nourri
    et de nos corps les embrassades étourdies
    tandis qu'au ciel un or malade s'affadit
    paradent
    se goûtent la vie

    Oh, mon Oreille amie !
    Oh, mon dernier soleil !
    J'ai eu tant d'appétits pour de tristes merveilles
    que je préfère cet ennui
    dont j'applanis les mauvais plis
    jusqu'à ce que ce drap soyeusement se prête
    à t'accueillir et faire fête

    J'ai tant faim, mon Oreille

    de vider ma redoute
    et comme nulle autre pareille
    que tu viennes, que tu m'écoutes...

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK